La campagne électorale fédérale est encore jeune, mais pour le moment on ne voit pas de ballot question poindre à l’horizon, mais soyez certain que d’ici le 19 octobre, un enjeu finira bien par polariser l’électorat.
Si j’avais à parier 2$ sur la ballot question de la prochaine élection, je miserais sur la gestion de l’offre, un système qui est de plus en plus contesté par les négociations du partenariat transpacifique.
Au Canada, la production de lait, de volailles et d’oeufs est contrôlée par le gouvernement via un système de gestion de l’offre. Ce système permet au gouvernement de limiter la quantité de lait, de volailles et d’oeufs produite dans les fermes de manière à créer une rareté. Cette rareté permet au gouvernement d’exercer un contrôle des prix et de garantir aux agriculteurs un revenu élevé.
La gestion de l’offre c’est un enjeu idéal pour la gauche et les nationaleux puisqu’il est hautement émotif. En parlant de la gestion de l’offre, on peut parler de concept absurde comme la souveraineté alimentaire (ici, ici & ici), dire que nos agriculteurs font pitié, que les méchantes grosses compagnies internationales menacent nos charmantes petites fermes familiales et que le capitalisme sauvage va nous empoissonner avec des pesticides et des OGM (vous voyez le genre de rhétorique boboche).
Bref, la gauche et les nationaleux pourront faire peur au monde. Et pendant que les gens seront terrorisés par le lait des Américains, le « cartel agricole » va continuer de leur vider les poches en leur faisant croire que c’est pour leur bien…
Pour bien réaliser à quel point la gestion de l’offre est un système qui dépouille des millions de consommateurs pour faire plaisir à quelques milliers d’agriculteurs, voici l’évolution des prix du lait, de la volaille et des oeufs au Canada et aux États-Unis depuis 20 ans:
Au Canada, depuis 1995 le prix d’un litre de lait a augmenté de 86% contre seulement 23% aux États-Unis.
Au Canada, depuis 1995 le prix d’un Kg de poulet a augmenté de 104% contre seulement 48% aux États-Unis.
Au Canada, depuis 1995 le prix d’une douzaine d’oeufs a augmenté de 110% contre seulement 92% aux États-Unis.
Pendant combien de temps encore la population va-t-elle accepter de soutenir un système qui pénalise autant de monde pour profiter à si peu de gens ?
À lire aussi sur ce sujet:
Sources:
Tableau 326-0012
Lors d’un cours d’économie-politique j,avais écris un rapport critique sur le Rapport Pronovost sur l’agriculture (2008 je crois). Dans mes recherches, j’ai découvert le transcript de la commission sur l’agriculture. Le minsitre de l’époque (Laurent Lessard) admettait que 40% de l’agriculture de la province tournait autour de ces secteurs protégés (volaille, oeufs, lait). Ça serait un ajout intéressant à ton article
Le gens vont accepter de soutenir ce système pendant longtemps parce qu’ils connaissent tous un agriculteur qui bénéficie de ce système. Point à la ligne.
On a tous un oncle Denis ou un cousin Martin qui est bien sympathique et effectivement fort travaillant, mais qui se ferait manger tout rond par un plus gros producteur si son travail n’était pas protégé de la sorte par un système socialiste.
La population va accepter ça pendant encore très longtemps pour la bonne raison qu’elle n’est même pas consciente de se faire avoir.
Il serait bon de rappeler que si les agriculteurs sont très travaillant, ils ne sont pas les seuls très travaillant au Québec.
Je suis tout à fait d’accord. Et mon message n’avait pas pour but de cautionner le système, je ne faisais qu’avancer l’hypothèse la plus plausible, selon moi, justifiant le fait que ce système est généralement bien perçu au Québec (ou plutôt volontairement ignoré la plupart du temps, j’ai l’impression).
J’ai toujours pensé que la plupart des agriculteurs feraient de redoutables entrepreneurs, si on ne leur permettait pas de conserver leur emploi en gérant l’offre.
Débrouillards, travaillants, innovants, etc.
Je ne formulais pas une critique à ton endroit, c’était simplement un rappel, beaucoup de gens au Québec travaille très fort et ils n’ont pas un « cartel » pour protéger leur salaire.
Nous avons des politiciens qui aiment contrôler:
– le sirop d’érable est aussi sous le régime de la gestion de l’offre;
– la bière se vend au “prix minimal permis par la Loi”;
– etc..
Bien de responsabilités pour ces messieurs qui, pour la plupart, sont des individus peu doués.