Devinez qu'elle est la province canadienne où les gens font le moins confiance aux syndicalistes ?
La méchante Alberta capitaliste ? Non, pas du tout…
La province la plus hostile aux syndicalistes c'est… le Québec !
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% de gens faisant confiance aux syndicats (2007)
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Québec
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36%
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Prairie
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37%
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Ontario
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39%
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Canada
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41%
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Alberta
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44%
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Atlantique
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47%
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Colombie-Britannique
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48%
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Évolution dans le temps de cette tendance:

Je vous rappelle que le Québec est la province la plus syndiquée du Québec (environ 40%).
Pour avoir eu droit aux récits des négociations avec les syndicats de mon père pendant plusieurs années avec plusieurs syndicats, je peux comprendre pourquoi les gens font peu confiance aux syndicats. Il est devenu un méchant patron après avoir été président de syndicat pendant sa jeunesse. Pour vous donner une idée, nous avons eu droit à 2 reprises à des gardiens de sécurité devant la maison lors de grèves particulièrement dures ou les syndiqués s’attaquaient aux maisons et voitures des patrons. Autant les « gros bras » casseurs de grève engagé par les patrons pour physiquement intimider les grévistes était inacceptable, autant les « gros bras » des syndiqués (ce qui arrivent encore trop souvent aujourd’hui) est inacceptable. C’est pas comme ça qu’on négocie dans une société civilisée.
Les plus « crosseurs » sont vraiment les teamsters, ils racontent n’importe quoi à leurs membres et négocient en secret avec les patrons pour donner l’illusion de faire leur travail et de gagner des choses pour leurs membres. Exemple: l’entreprise n’est pas capable d’offrir plus que 0,10$ de l’heure d’augmentation cette année là. Réponse des négociateur Teamster : donnez-nous rien en commençant, on va aller chercher le 0,10$ d’augmentation. Et devant les syndiqués ils ont fait un gros « show » leur disant qu’ils étaient pour les faire respecter et au moins aller chercher une augmentation, même si c’était juste une augmentation symbolique de 0,10$ de l’heure…
Ceci étant dit, il ne faudrait pas généraliser, ce ne sont que des anecdotes. Des « crosseurs », il y’en a partout dans tous les domaines et du côté de l’employeur aussi. Il y a d’autres syndicats qui sont beaucoup plus sincères et qui se battent vraiment pour leurs membres ou qui sont capables de véritablement collaborer et travailler avec l’employeur pour trouver des solutions « win-win ». Et de l’autre côté, certaines entreprises ne sont pas plus honnêtes dans leur négociation avec les syndicats.
Je crois que les syndicats ont encore un rôle à jouer, surtout dans les cas où ils offrent un contre poids à un monopole local d’emploi et les domaines où les travailleurs sont vraiment exploités par un « mauvais rapport de force » avec l’employeur. Mais le problème selon moi au Québec est que c’est allé trop loin . Dans certains domaines (plus rarement dans le privé, le pire étant le municipale selon moi), il y a un déséquilibre et les syndiqués sont vraiment rendus surpayés avec des privilèges injustes comparativement au reste des travailleurs. De plus, il y a quelques fois une culture du mépris de la productivité qui s’installe (je l’ai connu dans une job d’été chez Natrel ou les « permanents » nous faisaient de la pression pour être moins productif et ne pas les faire paraître pour ce qu’ils étaient, des méchants paresseux qui se pognaient le beigne).
Les syndicats auraient avantages à se transformer en institutions qui augmentent la valeur « économique » de leurs membres sur le marché du travail et en augmenter leur « mobilité » au lieu de défendre des monopoles d’emplois et des principes archaïques comme l’ancienneté VS le mérite. Les travailleurs y gagneraient plus selon moi… un genre de retour en arrière vers le concept de « guilde », mais sans monopole.