Puisque les médias sont trop paresseux et/ou idéologues pour le faire, je vous présente deux études qui montrent clairement que les politiques d’austérité économiques peuvent être très payantes et que plus la doctrine keynésienne est complètement dépassée.
Tout d’abord une étude réalisée conjointement par des économistes de l’Université Cambridge et de la Banque centrale européenne. Ceux-ci ont étudié le lien existant entre la croissance économique et l’endettement public dans les douze pays de l’Union européenne entre 1990 et 2010.
Cette étude a mis en évidence qu’une augmentation de l’endettement avait des effets positifs sur la croissance économique tant et aussi longtemps que la dette ne dépasse pas 67% du PIB. De 67% à 95% du PIB, un accroissement de la dette n’a aucun effet sur la croissance économique et finalement, quand la dette franchit le cap du 95% du PIB, l’effet sur la croissance économique est négatif.
C’est un peu comme une personne utilisant une carte de crédit. Lorsque cette personne s’endette, elle pourra augmenter son niveau de vie tant et aussi longtemps que l’endettement ne dépassera pas 67% de son revenu. De 67% à 95%, même si cette personne continue de s’endetter, son niveau de vie restera le même puisqu’elle devra commencer à rembourser ses dettes. Quand son endettement atteint 95% du revenu, tout endettement supplémentaire réduira le niveau de vie puisque cette personne sera étranglée par ses créanciers.
Pour ceux qui n’ont pas réalisé, cette étude signifie aussi que le keynésianisme, c’est à dire l’endettement pour stimuler l’économie d’un pays, fonctionne uniquement quand la dette de ce pays est inférieure à 67% de son PIB ! Autrement dit, dans les économies développées, le keynésianisme est mort.
La deuxième étude, produite par des économistes de l’Université du Massachusetts Amherst, est encore plus dure à certains égards. Cette étude a été réalisée en analysant la croissance économique et le niveau d’endettement de 20 économies industrialisées entre 1946 et 2009*.
Les chercheurs ont mis en évidence que les pays avec un endettement inférieur à 30% de leur PIB avaient une croissance économique moyenne de 4,2%. Un endettement entre 30% et 60% du PIB produit une croissance de 3,1%. Un endettement entre 60% et 90% du PIB produit une croissance de 3,2% et finalement un endettement supérieur à 90% du PIB est associé à une croissance de 2,2%.
On peut voir une différence énorme de 91% entre la croissance économique des pays peu endettés (moins de 30% du PIB) et des pays très endettés (plus de 90% du PIB). Mais surtout, cette étude démontre clairement que le keynésianisme cesse de fonctionner pour les pays qui ont un endettement public supérieur à 30% de leur PIB. Lorsque l’on franchit ce cap, la croissance stagne ou diminue.
Gardez tous ces chiffres à propos des seuils d’endettement produits par les deux études en tête et appréciez le graphique suivant…
Collectivement, ces chiffres suggèrent que les politiques d’austérité sont les seules payantes et le monde est maintenant trop endetté pour que les programmes keynésiens de stimulation de l’économie puissent fonctionner.
Maintenant, quand vous entendrez quelqu’un dire que l’austérité, ça ne fonctionne pas, vous saurez quoi lui répondre !
*Pour ceux qui n’ont pas réalisé, cette étude est celle qui corrige RR. Par idéologie et/ou par paresse, les médias qui ont commenté cette étude n’ont pas rapporté tous les faits (exemples ici et ici).
Source:
World Economic Outlook Databases
«Herndon became instantly famous in nerdy economics circles this week as the lead author of a recent paper, « Does High Public Debt Consistently Stifle Economic Growth? A Critique of Reinhart and Rogoff, » that took aim at a massively influential study by two Harvard professors named Carmen Reinhart and Kenneth Rogoff (qui est cité dans tes sources BTW). Herndon found some hidden errors in Reinhart and Rogoff’s data set, then calmly took the entire study out back and slaughtered it.»
«They had also excluded data from Canada, New Zealand, and Australia — all countries that experienced solid growth during periods of high debt and would thus undercut their thesis that high debt forestalls growth.»
http://nymag.com/daily/intelligencer/2013/04/grad-student-who-shook-global-austerity-movement.html
J’aimerais bien voir comment se comporte un pays à moins de 10% de dette ou même 0. Je ne sais pas si ça existe…
Un pays qui n’a pas de dette et qui finance les autres serait probablement au dessus de l’échelle.
Je savais que j’allais prendre un poisson. J’ai volontairement mis l’astérisque à la fin du texte pour cette raison.
La 2e étude de ce billet est celle de Herndon !