Dans son dernier livre, Jean-François Lisée s’est donné la difficile tâche de mettre la droite K.-O. en 15 arguments. Pour vérifier si tel est le cas, voici une série de billets qui reprend chacun des arguments avancés par Lisée pour en vérifier la validité. Attention, car la gauche est sur le point d’encaisser une droite !
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Affirmation #12 de Jean-François Lisée: la droite ment quand elle affirme que le taux d’endettement du Québec est préoccupant. Pour Lisée, seule la dette nette est importante et à ce chapitre le Québec fait très bien.
Dans son livre, Jean-François Lisée ne conteste pas que la dette brute au Québec a atteint des niveaux stratosphériques, mais pour Lisée c’est la dette nette qui fait foi de tout.
Vraiment ?
La dette nette représente la dette brute duquel on a soustrait les actifs du gouvernement. C’est un peu comme si une personne faisant un salaire de 20 000$/an décidait de s’acheter une maison de 500 000$. S’endetter de 500 000$ pour s’acheter une maison de 500 000$ représente une dette brute de 500 000$, mais une dette nette de… 0$ !
Donc, selon Lisée, la personne qui faisait un tel achat n’a aucun problème d’endettement ! Pourtant, n’importe qui avec un peu de gros bon sens réalisera qu’un tel achat mènera le nouveau propriétaire directement à la faillite, tout simplement parce que les frais d’intérêt se calculent sur la dette brute et non pas la dette nette ! Ce n’est pas un hasard si le concept de dette nette est tout récent au Québec...
De plus, quand on parle de la dette nette, cela sous-entendant que le gouvernement est disposé à vendre ses actifs pour rembourser sa dette, un peu comme si la personne donnée dans mon exemple vendait sa maison pour rembourser son hypothèque. Or, au Québec nos actifs n’ont pas de valeur monnayable. Qui voudrait acheter nos ponts, nos écoles ou nos hôpitaux décrépits. Et Lisée a déjà affirmé que les rares actifs qui ont de la valeur, comme Hydro-Québec, ne sont pas à vendre… Pas plus qu’on ne peut utiliser l’argent des caisses de retraite pour réduire la dette puisque cet argent est déjà promis à d’autres.
Qu’importe, voici le niveau d’endettement des provinces canadiennes, calculé de trois manières différentes: dette en fonction des déficits cumulés, brute nette et la dette brute:
N’en déplaise à Lisée et à sa secte gauchiste, peu importe la méthode de calcul, le Québec est toujours la province la plus endettée.
La gauche oublie aussi de mentionner l’effet le plus pervers de notre haut taux d’endettement: le service de la dette (qui se calcule, rappelons-le, sur la dette brute). L’endettement du Québec est comparable à une personne qui aurait une carte de crédit, mais qui ne rembourserait que les intérêts. L’argent ainsi dépensé est pour ainsi dire « gaspillé », car l’on n’obtient strictement rien en retour. À quoi bon avoir des actifs si l’on ne rembourse pas sa carte de crédit !
Voici quel a été le service de la dette dans les provinces canadiennes depuis 1989:
En 1989, le Québec était la 4e province avec le plus petit service de la dette (3,3% du PIB), devancé uniquement par la Colombie-Britannique, l’Ontario et l’Alberta. Dans les années qui ont suivi, toutes les provinces ont sensiblement réduit leur service de la dette sauf… le Québec ! En 2009, nous sommes passés au dernier rang (3,6% du PIB) !
Voici comment a évolué le service de la dette entre 1989-2009:
Le Québec est la seule province qui a augmenté le service de sa dette. Honteux, tout simplement honteux… Que dire de plus…
Pour terminer, voici la cote de crédit des provinces canadiennes:
Concluons simplement en disant que Jean-François Lisée insulte l’intelligence de ces lecteurs dans son livre.
À lire aussi:
- Lisée, prise 1: la croissance économique québécoise
- Lisée, prise 2: le niveau de vie des québécois
- Lisée, prise 3: le travail des Québécois
- Lisée, prise 4: la productivité des Québécois
- Lisée, prise 5: la pauvreté des Québécois
- Lisée, prise 6: la fiscalité des Québécois
- Lisée, prise 7: les syndicats québécois
- Lisée, prise 8: la fiscalité des entreprises québécoises
- Lisée, prise 9: l’efficacité du gouvernement québécois
- Lisée, prise 10: les fonctionnaires québécois
- Lisée, prise 11: les payeurs d’impôts québécois
Sources:
Budgets 2012-2013
Il ne faut pas oublier les effects qu’on ne voit pas non plus. Lorsque le gouvernement emprunte pour payer ses consommations, moins d’argent est disponible ailleurs pour de véritables investissements. Un gouvernement qui s’endette trop s’accapare le capital qui pourrait être utiliser pour des activités productives plutôt que pour payer l’épicerie.
D’après ce que j’ai pu lire sur la question des dettes du Québec, je crois que les tableaux relatifs aux pourcentages de dettes brutes et nettes par rapport au PIB sous-estiment l’écart entre la dette brute et la dette nette. Il me semble que le pourcentage de la dette brute par rapport au PIB devrait être bien plus élevé.
Se pourrait-il que le tableau de la dette brute présente seulement la dette brute du Québec, alors que celui de la dette nette présente la dette nette du Québec + la part du Québec pour la dette nette du Canada?
Le chiffres présenté, tiré du budget, ne tient compte que de la dette du gouvernement. Il n’inclus pas les municipalité, hôpitaux, Cégeps, Universités, sociétés d’État… On grimpe à 95% du PIB.
@le crible:
La dette ne tient pas compte des agences d’État. Et des agences d’État y’en pleut à boire debout au québec. La liste à David n’est qu’une fraction minime.
Le poste de la dette est le troisième en importance dans les dépenses gouvernementales québécoises tout juste après la santé et l’éducation et loin devant tous les autres postes de dépenses!
C’est dire…
Tiens!!! Pour le ministre du bonheur:
»The « pursuit of happiness » may be a « right, » as the Declaration of Independence says. But the achievement of happiness is not an entitlement. The happiness movement is at best utopian; at worst, it’s silly and oppressive. »
ici:
Government Can’t Create Happiness
http://www.realclearpolitics.com/articles/2012/04/16/the_global_happiness_derby_113847.html