Extrait d’un article paru dans La Presse le 7 mai 1994 qui devrait intéresser ceux qui blâment la force du dollar canadien pour les difficultés du secteur manufacturier au Québec. i.e. la « maladie hollandaise ».
Landry reprend la thèse d’une monnaie américaine
Politique, samedi 7 mai 1994, p. G1Si le Québec devient un pays souverain, il regardera au-delà du Canada et voudra conclure des associations dans le cadre d’un plus grand ensemble, celui des Amériques.
Ainsi, il pourrait fort bien adopter, non pas le dollar canadien mais un dollar américain, et sa politique monétaire pourrait bien être non pas liée à la Banque du Canada mais à une institution américaine.
Voilà la thèse qu’a soutenue hier le vice-président du Parti québécois, M. Bernard Landry, lors de son passage à Toronto. Après Lucien Bouchard dans l’Ouest canadien, M. Landry est la deuxième personne à évoquer cette idée en une semaine.
En 1994, 1 dollar canadien valait 0,73 dollar américain. On était très loin de la parité. Pourtant, à cette époque, personne ne disait que l’adoption de la devise américaine dans un Québec souverain allait détruire le secteur manufacturier…
Près de vingt ans plus tard, le huard est au pair avec la devise américaine. On dit que l’Alberta est responsable de cette situation, parce que l’exploitation des sables bitumineux a fait augmenter la valeur du dollar canadien. Ainsi, on accuse l’arrivée de la parité avec le dollar américain d’être responsable des problèmes du secteur manufacturier québécois.
Donc, en 1994, l’adoption du dollar américain dans un Québec souverain (l’équivalent d’une situation à parité) n’était pas vue comme problématique, mais en 2012, la parité découlant de l’exploitation des sables bitumineux est vue comme un fléau économique.
J’en conclus que la fameuse « maladie hollandaise » n’est qu’une excuse. De tout temps, la gauche et les souverainistes ont préféré blâmer les autres pour la faiblesse de l’économie québécoise; pas question de blâmer le sacro-saint modèle québécois. En 1994, le slogan de la gauche souverainiste était « c’est la faute du fédéral ». Avec le temps, ce slogan est devenu « c’est la faute des Albertains ». Mais une constante demeure, ce n’est jamais de notre faute…
N’est-ce pas plutôt que 1 dollar canadien valait 0,73 américain? Et qu’il fallait donc 1,37 dollar canadien pour acheter 1 dollar américain?
Oups, s’est corrigé.
À mon humble avis, le problème avec la parité actuelle du dollar canadien avec le dollar américain n’est pas cette parité comme telle, mais le mouvement qu’il y a eu ces dernières années vers cette parité (soit l’appréciation du dollar canadien). C’est que cette appréciation du dollar a amené des difficultés aux exportateurs québécois, car ceux-ci ne peuvent pas ajuster aussi rapidement leurs coûts de production (salaires, coûts des fournitures… très résistants aux baisses…). … d’où l’intérêt de plusieurs non pas tant pour un dollar (ou une couronne islandaise) faible, mais pour une devise dont le taux de change est stable par rapport aux devises des pays de leurs clients. Cette stabilité peut être obtenue en adoptant la devise d’un pays dont la devise est relativement stable. … et si ce pays est celui des principaux clients, ça facilite encore plus les choses pour les exportateurs.
Doit-on limiter la croissance de l’exploitation des sables bitumineux afin de limiter la vitesse d’appréciation du dollar canadien et donner ainsi aux exportateurs québécois (et canadiens) d’autres types de produits plus de temps pour s’ajuster? Ça dépend de qui on désire défendre le plus les intérêts.
L’adoption du dollars US suivant la souveraineté aurait provoqué un mouvement encore plus brusque.
Idem pour l’Islande. L’adoption du dollar canadien va provoquer une brutale augmentation de la valeur de leur devise.
Je ne comprends pas.
Si l’Islande adopte le dollar canadien alors que 1 couronne équivaut à 0,008 dollar canadien (ou 1000 couronnes équivalent à 8 dollars canadiens), ne doit-on pas s’attendre à ce que ce qui se vend actuellement 1000 couronnes sera vendu autour de 8 $ Canadiens, sans effet brusque sur les échanges commerciaux actuels, apportant seulement plus de stabilité dans les prix relatifs pour les échanges futurs?
L’Islande veut remplacer sa monnaie par la devise Canadienne. Ils suront donc une devise qui veut beaucoup plus que celle qu’ils utilisent actuellement. Avec un dollar canadien, on peut acheter 126 couronnes.
C’est sûr qu’au Québec, à armes égales on ne peut espérer compétitionner avec nos voisins Américains.
On a un gros troupeau de politiciens et de fon-fons à faire vivre, des infrastructures que l’on paie 35% plus cher qu’ailleurs et qui se dégradent 35% plus vite qu’ailleurs, des politiques d’égalité sociales qui étouffent l’entrepreneurship tout en vidant nos goussets, une dette intolérable à supporter et en plus, on exporte une grosse part de notre production aux USA.
Cherchez l’erreur…
Une chance justement que le reste du Canada nous endure encore parce que sans lui, on deviendrait la Grèce de l’Amérique.
Si l’islande adoptait la devise canadienne dès aujourd’hui, ne verrait-on pas à peu près ce qui suit?:
– Les Islandais seraient invités à échanger leur couronnes pour des dollars au taux de 126 couronnes par dollar.
– Les prix des biens et services irlandais seraient changé en dollars canadiens en divisant par 126 les prix en couronnes. Par exemple, ce qui coûte 126 couronnes aurait un prix de 1 $
En quoi ces changements constitueraient-ils un choc additionnel aux exportateurs islandais? Leurs prix relatifs ne demeureraient-ils pas inchangés? Le plus gros impact du changement de devise ne serait-il pas une plus grande stabilité de ces prix relatifs pour l’avenir?
Crible…
Les islandais veulent adopter une devise plus forte i.e. augmenter la valeur de leur devise. Ils veulent faire le contraire des grecs qui veulent devaluer leur monnaie en remplaçant l’euro par le drachme.
L’Islande a nationalisé ses banques et a refusée de payer ses dettes. Un gros fuck you aux financiers.
Je suis contre l’adoption d’une monnaie non-québécoise dans un Québec séparé. Dois-je rappeler ce qui s’est produit en Grèce?
Oh cher Malaf, si c’était si simple… Les Islandais se sont opposés aux modalités de remboursement, c’est tout. L’Islande paie ses dettes, notamment avec la vente des actifs de ces banques.
Ceci dit, l’Islande a déjà changé sa monnaie donc ce n’est pas inconnu. Le 1er janvier 1980, la nouvelle couronne a remplacé l’ancienne à 100:1. Et oui, fondée en 1961, la Banque Centrale d’Islande a scrappé deux devises en 50 ans avec l’inflation!