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Espagne : lourde défaite des socialistes C’est une défaite historique pour le PSOE, le parti socialiste de José Luis Zapatero. Les socialistes au pouvoir en Espagne n’ont obtenu dimanche que 27,81% des voix contre 37,34% aux conservateurs du Parti populaire (PP), selon des résultats partiels portant sur 80% des bulletins dépouillés. Cet écart de neuf points vient sanctionner les socialistes, au pouvoir depuis 2004 en Espagne, à moins d’un an d’élections législatives, et à un moment où le pays est plongé dans la crise économique et en proie depuis quelques jours à une rébellion sociale inédite. A Madrid, les manifestants qui ont pris possession de la place de la Puerta del Sol au début de la semaine pour protester contre les retombées de la crise économique, ont décidé de poursuivre cette occupation «jusqu’à dimanche prochain au moins». Dans la soirée, une foule de plusieurs milliers de personnes a envahi la place, comme les jours précédents, autour du village de bâches bleues et de tentes devenu le coeur de la contestation. Les socialistes perdent des bastions symboliques, comme Barcelone, qu’ils contrôlaient depuis 1979 et les premières élections de l’après-franquisme, où ils sont devancés par la coalition nationaliste conservatrice CiU. Ils sont également battus à Séville, la quatrième ville espagnole. La droite conserve sans surprise Madrid et Valence, la troisième ville du pays. |
Salut David,
Je suis actuellement dans la belle-famille en Catalogne, au nord-est de l’Espagne.
Dans la région autonome où je suis, c’est effectivement « Convergencia i Unió » (Convergence et union, centre-droit, nationaliste, qui se compare à l’ADQ malgré des liens historiques étroits avec le PQ de Bernard Landry) qui a dominé les élections municipales.
Le « Partit dels Socialistes de Catalunya » (socialistes catalans, liés intimement au PSOE, le parti socialiste « fédéral ») et Esquerra Republicana de Catalunya (gauche-centre-gauche, indépendantiste et nationaliste catalan) qui mangèrent la volée.
Le CiU (Convergencia i Unió) est déjà, depuis le 28 novembre 2010, le parti au pouvoir au niveau de la région autonome de Catalogne (au niveau « provincial » au Québec). Ils gèrent assez bien la crise, bien qu’ayant dû faire de nombreuses coupures (le gouvernement tripartite socialiste (PSC) – gauche républicaine (ERC) – verts/éco-socialistes (ICV) précédent à vider le Trésor public pour satisfaire leurs clientèles électorales). Ils ont été un temps, suivant leur élection, à ne pouvoir payer les fonctionnaires
Ce ne sont pas des libertariens: ils promettaient un peu comme Dumont, de privilégier les régions, les paysans-agriculteurs, etc. (ce qui veut dire octroyer plus de subventions à leurs clientèles).
Mais une majorité de gens ici semblent leur faire confiance pour régler la situation en douceur, sans rien de trop drastique.
Un mouvement est né en Espagne depuis le 15 mai, celui des « indignés ».
Dans les médias espagnols, on dit que c’est un mouvement citoyen qui, comme dans les pays du Maghreb, prend possession symboliquement d’une place publique, avec des gens de tous les horizons, qui manifestent contre la corruption, contre les coupures en éducation, en santé publique, contre le politique en général, s’indignant du taux de chômage chez les jeunes, etc.
À Girona, de ce que j’ai vu, il n’y avait pas le boulanger ou la professeure, l’étudiant universitaire moyen, l’architecte ou le technicien, c’étaient que des hippies marxistes et libertaires, plusieurs habillés de la façon dont le sont la majorité des artistes ici (camisole, pantalons bouffants, dreads), et avec des affiches du type « Capitalisme = Crise », « Aucun futur pour nos enfants dans ce système néolibéral », etc.
Au niveau « provincial », en Catalogne, un nouveau parti a aussi « scoré » fort pour une première élection : « Plateforma per Catalunya » (Plateforme pour la Catalogne).
Ils jouent sur le sentiment nationaliste catalan et sur la xénophobie contre les immigrants non-Blancs. Une candidate a d’ailleurs fait la manchette hier : elle aurait joint un faux chèque de 4 000 Euros dans sa municipalité avec un nom fictif arabe. Derrière, il était écrit faussement que c’était le montant que le gouvernement donne à l’immigrant, payé par les contribuables.
Quand les Catalans, comme bien des Européens, Canadiens ou Québécois, s’estiment supérieurs aux Américains, qu’ils voient tous à tort comme des racistes, membres du KKK (résultat d’une propagande anti-américaine plus que de la réalité factuelle), il est bon de leur rappeler qu’ils ont les mêmes nationalistes xénophobes, la même minorité ethnocentrique chez eux. En plus de leurs nationalistes unilingues « linguocentristes »…
Au niveau national, je ne sais pas si c’est une si bonne nouvelle que ce soit le PP (Partido Popular, conservateur chrétien, nationaliste espagnol, corporatiste) qui se retrouve premier. Les gens ont pu voter pour eux vu que c’est la seule alternative crédible pouvant prendre le pouvoir face aux socialistes (PSOE), un peu comme au Canada avec le vieux bipartisme libéral – conservateur. Mais ils ne sont pas très rationnels.
Beaucoup de leurs politiciens sont mêlés à des scandales de corruption et ici, bien qu’on serait tenté de les assimiler aux Conservateurs canadiens, ils s’attirent beaucoup le vote nationaliste espagnol-castillan en attaquant les nationalismes basque et catalan, ce que ne font pas les Conservateurs canadiens envers les Québécois, et ayant parfois un discours xénophobe anti-immigrants.
De plus, à l’opposé de la relation Québec-Canada ou Québec-Alberta où les leaders nationalistes québécois chialent et se moquent des autres provinces… tout en leur exigeant un plus gros chèque de péréquation, en Espagne, ce sont les leaders nationalistes du Partido Popular qui se moquent des Basques et des Catalans, les pointant souvent du doigt… tout en exigeant qu’ils envoient davantage de péréquation pour le reste de l’Espagne plus pauvre.