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Entre la commission sur les accommodements raisonnables du PLQ, la citoyenneté québécoise du PQ et le protectionnisme économique de l'ADQ, on devrait prendre un petit 5 minutes pour méditer ces quelques phrases de l'économiste français Pascal Salin: "Qu’est-ce qu’une nation ? Elle est pour moi un ensemble de sentiments d’appartenance à une tradition, à une histoire, à une aire culturelle, etc. Sentiments assez variables d’un individu à un autre. Or, le sens de ce mot a aujourd’hui changé : l’État a en quelque sorte nationalisé la nation en prétendant en être le défenseur. C’est absurde et inadmissible, puisque c’est une question de sentiments personnels. On en arrive à cette notion d’intérêt économique national, tout aussi absurde, que l’État prétend prendre en main. Il n’existe en réalité que des intérêts particuliers qui entrent en contact les uns avec les autres." |
Cette confusion de l’État et de la Nation est particulièrement forte dans le vocabulaire anglo-saxon, qui utilise couramment « the nation » pour désigner « the state ».
Or, il y a sur cette planète pénurie d’états et foisonnement de nations et d’identités régionales. Comment trouver justice? Si on ne peut pas redéfinir l’état pour qu’il accomode plus d’une nation, alors il faut balkaniser tout l’espace géopolitique. Et on obtient malgré tout de nouvelles injustices, peut-être encore plus grandes que celles qu’elles ont remplacé.
L’État-nation a été inventé pour faire face au démantèlement des grands empires au 18e siècle: l’empire Ottoman et l’empire Austro-Hongrois. Or, il a été complètement nié lors de l’unification de l’Italie, lors de la consolidation de l’Allemagne. De grands principes qu’on n’applique que quand ça fait notre affaire…
En fait, l’État et la Nation sont en quelque sorte en guerre permanente. Leur fusion est rare, pour ne pas dire tragique.
Des petits états autonomes dans un ensemble économique intégré, voilà ce qui pourrait résoudre une partie du paradoxe. Mais voilà, le Canada n’a pas l’intention de se redéfinir…
Je cite un autre texte de Salin sur le concept d’États-Nation:
Excellent texte
Quel beau texte
Encore les extremes… Je suis tout a fait d’accord avec la différence nation-état, mais faut pas faire comme si y’avait aucun lien. Ce qui m’a le plus frappé à Ottawa ce sont les différencres entre Franco-Ontariens et Québécois – descendants tout deux du même bassin de population Canadien Francais, géographiquement continu, faisant toujours parti du même pays, le Canada. Mais j’ai remarqué des différences notoires, qui n’existaient surement pas il y a 50 ans. Et quand je dis « différences », je veux dire qu’un Saguenéen, un Abitibien, un Sherbrookois et un Lavalois ont des points en communs que le Franco-Ontarien n’ont pas avec eux.
En fait, la véritable définition du mot «nation» consiste en une communauté sur un territoire possédant un héritage culturel collectif et des aspirations communes.
Le concept de nation est, avec celui d’État, l’un des deux principaux attributs temporels et spatiaux des systèmes et processus de l’organisation politique.
Il existe, bien sûr, quelques définitions du concept de nation, selon la discipline étudiée. Par exemple, la sociologie associe la citoyenneté à la formation d’une nation.
Donc, l’identité nationale d’un peuple existe en politique, contrairement à ce que tu affirmes sans cesse, DG.
Alors, chaque peuple a son identité nationale.
Je suis d’accord que l’État et la nation sont distincts dans leur essence mais il faut tout de même admettre qu’ils ont la même substance. Le fameux sentiment d’appartenance que Salin qualifie de « multiforme, évolutif et difficile à cerner » est en vérité manifesté par la réalité très concrète qu’est le sentiment de soumission à l’autorité publique. Si on reconnaît la légitimité d’un État et qu’on accepte ses décisions même si on est parfois en désaccord avec celles-ci, c’est parce qu’on reconnaît que cet État représente notre groupe d’appartenance et que, de toute façon, on ne pourrait avoir une institution publique qui nous représenterait avec une efficacité réellement plus grande.
Les fédéralistes reconnaissent la légitimité de l’État fédéral car ils s’identifient à la nation canadienne. Les souverainistes ne reconnaissent pas la légitimité de l’État fédéral car ils s’identifient à la nation québécoise. Je crois qu’il est tout-à-fait irréaliste de vouloir dissocier la nation et l’État. Nationalisme et étatisme sont intimement liés; la seule alternative est l’anarchisme. Les libéraux peuvent se plaindre autant qu’ils veulent mais, dans la mesure où ils préfèrent l’existence de l’État à l’anarchie, ils doivent accepter la réalité du nationalisme étatique.