Vous devez l'avoir remarqué, j'aime beaucoup les graphiques (déformation professionnelle). Voici un graphique qui complémente bien le billet précédant; je vous laisse maître de l'interprétation :

Vous devez l'avoir remarqué, j'aime beaucoup les graphiques (déformation professionnelle). Voici un graphique qui complémente bien le billet précédant; je vous laisse maître de l'interprétation :
Est-ce que quelqu’un sait pourquoi il y a eu une baisse si importante de l’exportation?
Je crois qu’il serait intéressant de présenter la consommation domestique avant de faire des interprétations, l’exportation d’électricité n’est pas en pratique une question d’ordre politique.
Si ma mémoire est bonne, ça correspond à une série de mois avec presque pas de précipitation. À l'époque, Hydro-avait dit que ces réserve d'eau devenait dangereusement basse. C'est de cette "crise" qu'était né le projet du Sûroit.
Je vais essayer de trouver qqch sur la biblio-branchée…
Hé voilà !
Les réserves d’Hydro ont chuté de 80 à 45 % en six ans
Le Devoir, mardi 22 janvier 2002, p. A11
Francoeur, Louis-Gilles
La lutte contre le déficit provincial a suscité une intensification des exportations d’électricité aux États-Unis, qui explique en bonne partie le fait que les réserves d’eau d’Hydro-Québec soient passées de 80 % qu’elles étaient en 1992 à seulement 45 % en 1998.
Pour assurer la gestion des besoins du Québec et honorer ses contrats même si l’eau n’arrive pas toujours aux pointes de grande consommation, la société d’État doit soustraire annuellement 35 % de ces réserves.
C’est ce que révèle une étude confidentielle, commandée par la Régie de l’Énergie à trois experts américains en 1998. Le Devoir en a obtenu copie censurée par la Régie en raison du refus d’Hydro-Québec de divulguer depuis 1998 quelque donnée que ce soit sur l’état des réserves d’eau. L’étude en question, signée par Gene Biggerstaff, Nicholas A. Dodge et Richard L. Mittelstadt, analyse la valeur des normes de sécurité énergétique adoptées par Hydro-Québec en 1991 en remplacement des normes de 1981, qui s’en tenaient au concept plus tangible de « réserves d’eau ».
La différence entre les deux jeux de normes tient fondamentalement au fait que la société d’État inclut maintenant dans sa réserve « d’énergie » l’électricité qu’elle peut acheter de nos voisins canadiens ou américains. Ce nouveau mode de calcul, dont la Régie voulait vérifier la valeur, permet à Hydro de maintenir ses réservoirs à un niveau « beaucoup plus bas que le niveau souhaitable de 70 % », son ancien niveau de sécurité, ce qui lui permet maintenant de vendre cette eau sur le nouveau marché déréglementé des États-Unis.
Il est impossible de connaître avec exactitude l’état actuel des réserves d’Hydro-Québec faute de chiffres plus récents. Mais on peut déduire que les réservoirs hydro-québécois ne devaient pas contenir beaucoup plus de 10 % au printemps 1999 si la société d’État avait soustrait 35 % à leur niveau de 45 %, mesuré au 1er novembre 1998, soit au moment où les réservoirs sont à leur plus haut niveau et où cessent les apports en raison de la transformation des précipitations en… neige.
Les trois experts précisent qu’aux taux actuels d’exploitation de ses réserves, Hydro-Québec devrait, en cas de pénurie ou de période de sécheresse (comme l’été dernier?) s’engager résolument dans la « gestion de la demande », quitte à envisager même des délestages d’ici au printemps 2002 si la période de faible hydraulicité se poursuit. Mais depuis ce rapport, la stratégie d’Hydro-Québec a principalement consisté à augmenter ses réserves hydrauliques par des dérivations de rivières et même à envisager la construction d’une centrale thermique, qui deviendrait la filière énergétique la plus polluante du Québec.
Le rapport des trois experts qui ont eu accès confidentiellement au dossier complet des niveaux d’eau et des ventes d’Hydro-Québec, précise que le manque d’eau a été tel dans la dernière décennie que la société d’État a dû ralentir délibérément ses ventes sur le marché « spot » américain, comme on peut le constater aussi dans le graphique reproduit ici.
« Après avoir atteint un niveau de 15,1 TWh en 1995, lit-on dans le rapport remis à la Régie de l’Énergie, les ventes sur le marché libre [non-firm sales] ont été réduites en raison d’apports hydrauliques en dessous de la normale. Durant la période 1995-1997, Hydro-Québec a subi une pénurie d’approvisionnement de 53,5 TWh en raison de ces faibles apports pendant que ses ventes totales à l’extérieur du Québec pour la même période atteignaient 58 TWh, y compris des surplus vendus sur le marché concurrentiel d’environ 30 TWh. »
« Au premier novembre 1997, les réservoirs d’Hydro étaient remplis à 52 %, soit une réserve d’énergie de 90 TWh. Si on suppose que les anciens surplus n’avaient pas été vendus durant la période 1995-97, les niveaux de réservoirs, le 1er novembre 1997, auraient été de 120 TWh ou pleins à 70 %. Mais sans ces ventes à l’extérieur, les revenus d’Hydro-Québec auraient été réduits de 800 millions pour la période », écrivent les trois experts qui jettent un regard cru sur les profits engrangés à même l’ancienne sécurité énergétique du Québec.
Gérer les réserves du gigantesque réseau hydro-québécois en s’en tenant à une réserve critique de 10 % est possible, concluent néanmoins les trois experts. « Cependant, ajoutent-ils en éclairant la stratégie actuelle, cela exigera d’Hydro d’ajouter à sa production hydroélectrique et thermique un train de mesures exceptionnelles, qui devront comprendre l’arrêt des ventes sur le marché spot américain, le fait de se lancer dans la génération thermique à coûts plus élevés, et d’acheter de l’électricité des réseaux voisins », sans oublier de mettre en branle une stratégie de « gestion de la demande ».
Les trois experts recommandent aussi à Hydro-Québec d’embaucher au moins un « expert en sécheresse » parce que les normales historiques d’apports hydrauliques, sur lesquelles se basent ses prévisions, risquent de ne pas se révéler très utiles en période de réchauffement du climat.
D’autre part, les trois experts affirment enfin qu’Hydro-Québec devrait « bien informer » la population du Québec de l’état de ses grands réservoirs et des problèmes relatifs à leurs niveaux, ce que manifestement la société d’État n’a pas fait puisqu’elle a continué de cacher tous les chiffres pertinents, et ce, même si la Régie de l’énergie, après avoir entendu plusieurs experts sur la question, avait recommandé à Québec de les rendre publics. La régie estimait que l’incidence d’une divulgation était trop faible sur la portion des revenus en cause par rapport à l’énormité de l’enjeu énergétique, social, économique et politique ici au Québec.
Les réserves d’énergie hydraulique québécoises atteignent 171 TWh, dont 111 TWh sont régis par les grands réservoirs « cycliques » et le reste, soit 60 TWh, par les réserves « annuelles », c’est-à-dire le flux normal des rivières et leurs réserves naturelles, les forêts… lorsqu’elles ne sont pas trop déboisées. Des 171 TWh au total, 147 TWh ou 86 % se retrouvent dans les trois complexes Manicouagan, La Grande et Churchill Falls
C’est rendu une habitude d’effacer les billets ?
C’est comme cela que l’on crée l’histoire (Renan)
De quoi tu parles ?
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